Cette fresque a été réalisée dans le cadre de la septième édition du festival d’art urbain de la ville de Boulogne-sur-Mer organisée en 2023. Elle est l’œuvre de Borondo, un artiste assez rare que j’ai vu pour la dernière fois ici même, à Boulogne-sur-Mer, en 2020 (voir ICI). Pour ce diptyque de la rue Laennec, il nous donne le commentaire suivant : « "Terroir" traite de l’histoire de Boulogne-sur-Mer, une ville côtière du nord de la France qui est devenue, ces dernières années et en raison de sa situation sur la Manche, un port d’arrivée pour les immigrants qui tentent de rejoindre l’Angleterre ou d’entrer en Europe. La fresque, qui occupe les façades de deux maisons situées de chaque côté d’une des rues de la ville, propose une réflexion sur la condition essentiellement déplacée de l’immigrant, de celui qui abandonne sa propre terre et ses racines, au risque de la fragmentation. Il y a une tension sur le corps exposé de l’immigrant qui est mis en danger non seulement en raison du danger que représente l’embarquement sur une petite embarcation mais, surtout, en raison de la vulnérabilité qui accompagne la perte de ses propres références et de sa culture. La dislocation reproduite par l’une des fresques, dans laquelle une tête apparaît séparée du corps, fait allusion à la subjectivité déplacée des yeux des migrants qui tentent de comprendre leur nouvelle réalité à partir de la perspective de leur pays d’origine. À côté, une deuxième fresque montre un torse percé de pierres, en référence aux rochers que le gouvernement français a placés sur les plages de la région, dans un signe clair d'architecture hostile qui cherche à empêcher les immigrants de passer la nuit, ou même d'accoster sur les plages. ».